Dr Louis - une aventure au coeur du mystère - Pièce de théâtre
1- Prologue
Lorsque la scène débute, les personnages sont visiblement à bord d'un navire. Romuald est à la barre. Dr Louis, Clothilde et Gaspard sont sur le pont et parent à la manoeuvre.
Romuald – Docteur, ça y est, je vois le rivage, la terre ! Terre ! Droit devant, préparez vous !
Dr Louis – Très bien mon petit, c'est bien. Gardez bien votre cap surtout, la crique est entourée de récifs ; et vous autres, préparez l'accostage et emballez nos affaires, nous ne laissons rien à bord.
Clothilde – Rien Docteur Louis ?
Dr Louis – Non, rien, prenez tout.
Gaspard – Déjà qu'avec ce brouillard on peut pas savoir où on se trouve, si en plus on ne comprend rien à ce qu'il faut faire... Bah ça commence à faire...
Clothilde – Laissez, ramassez plutôt notre bardas, et ne laissez rien traîner.
Gaspard – Rien, z'êtes sûre ? C'est pas « tout » qu'il a dit ?
Clothilde – ... Tout... Prendre... Ne RIEN laisser...
Gaspard – Oui ? Et, quoi ?
Clothilde – Bon, ramassez nos affaires, toutes nos affaires et balancez tout le reste par dessus bord, tout ce que l'on ne peut transporter. Je vais à la proue avec les perches.
Gaspard – Je sais pas, j'ai comme un drôle de picotement, là, qui me dit «prudence mon petit Gaspard, prudence»
(embardée du bateau)
Clothilde – Attention Romuald, tu es trop proche des récifs !
Romuald – Il y a un courant très fort juste ici !
Gaspard – Le picotement, c'est ça, il augmente.
Dr Louis – Le Courant Inverse, nous l'avons trouvé. tout va bien Romuald, gardez le cap et nous serons passés dans un instant.
Romuald – Oui Docteur Louis, mais il est fort vous savez...
Dr Louis – Oh oui il est fort, le bougre. Il a fait le tour de l'Atlantique à l'envers pour être ici. Mais il est étroit en cet endroit et c'est ici qu'il plonge en profondeur ; c'est pourquoi il ne faut pas s'y laisser prendre où nous serions au fond en moins de vingt secondes, tout au fond...
Gaspard – Là, ça picote encore, ça picote même beaucoup...
Romuald – Le dernier affleurement.
Dr Louis – Oui.
Gaspard – Oulala... ça picote... ça picote, Ouh que ça picote... ça picote vraiment. (en même temps que Romuald)
Romuald – D'accord , ça n'est pas le moment de flancher, allez, tiens bon... Tiens bon E... Oui, c'est bon... Encore un peu... Oui, comme ça... Allez, par là... Encore... Non, pas par là... tu le sais pourtant, pas par là... Voilà... Oui... C'est bon là... Bien... Là tu y es presque... Oui... Oui... Allez mets y tout... Oui ça vient... Oui, c'est ça ! Encore... Encore... Oui c'est bon ! Ehehe Youhou Ouais ! ça y est Docteur Louis, nous sommes passés !
(Tous applaudissent, se prennent dans les bras, se serrent la main, se congratulent et cassent les repères du décor. Après un moment de bonheur collectif, Dr Louis s'aperçoit de leurs débordements et se souvient du public. Il se raidit et va prendre la barre)
Dr Louis / homme 1 – Euh... Humhum ! Attention. S'il vous plaît ! Nous ne sommes pas encore au rivage... Et la situation est un peu confuse, (au public) du moins, peut-elle vous paraître telle.
Gaspard – ???
Romuald – ???
Clothilde – Euh, la situation Docteur Louis ?
Dr Louis / homme 1 – Oui ! (montre les spectateurs) Con-fu-se, la si-tu-a-tion...
Romuald – Con-fu-se... Voyons... du latin oui, c'est sûr... Pas du grec ça, bon..., « mêler », au sens littéral ou figuré en latin populaire... D'où : confusus, participe passé, devenu « confus » au XIIè Siècle, première trace en 1120.
Gaspard - Et d'ailleurs, Confucius à dit « ... »
Clothilde – Non... s'il vous plaît...
Gaspard – Oui, oui... Ne dis-t-on pas « confus comme un proverbe de Confucius »...
Clothilde – Oh, non, le voilà qui remet ça... (lance un regard désespéré à Dr Louis)
Romuald – Euh... ?
Gaspard – Et bien, si on dit ça, c'est bien parce que personne n'y entrave rien à ses proverbes, jamais, même si on y fait semblant des fois... Bah tiens, vous croyez qu'on me la fait à moi ? Et tiens, bah, regardez l’entomologie si vous me croyez pas...
Romuald – Etymologie ?
Gaspard – Confusément... De Confucéens, du latin confusus... Ah ! Je l'ai, j'ai compris ! Si ça se trouve, c'est pour ça qu'on l'appelait comme ça... Confusus... Parce que déjà à l'époque, personne n'y pipait que dalle à ses délires... Bah oui, ses amiches romains, quand y parlaient entre eux, en latin je vous rappelle, et bien ils devaient l'appeler « Confucius », ce qui voulait dire : « le gars qu'est confusus ».
Silence général, l'incompréhension règne chez les trois autres qui échangent des regards gênés.
Romuald – Il était chinois
Dr Louis / homme 1 – Merci beaucoup Gaspard pour avoir si bien clarifié la situation, je vois que je peux toujours compter sur vous pour cela. Bien. Alors à présent que nous savons tous précisément où nous en sommes, peut-être quelqu'un pourrait-il nous donner le bon Signal ?
Gaspard – Euh...
Romuald – Le signal, euh, oui, bien sûr, le... Signal... Le signal ?
Gaspard - Le cygne Al... Euh... Non, désolé, je l'ai pas celui-là.
Clothilde / femme 1-... Oui, bien, sûr, je l'ai ! Allez vous tous : générique ! [...]
Je suis - Écriture thématique : le handicap dans l'entreprise.
A : Travailleurs handicapés (R) / B : Salariés (N) / C : Travailleur sans handicap (D)
A- Bonjour, je suis différent.
B- Bonjour, je ne suis pas différente.
C- Bonjour, je suis.
A- J’ai une maladie au nom compliqué. Peu importe laquelle.
B- Rien que le nom fait mal, et quand on pense au visuel ça ne s’arrange pas.
C- Je mange, je bois, je dors, je côtoie mes contemporains et je travaille quand j’ai un emploi. Ah oui, je consomme aussi... Je vis quoi.
A- Mes déplacements sont parfois un peu compliqués, j’ai du mal a exprimer mes émotions, ou bien mes mouvements ne sont pas d’une grand souplesse ; je dois m’aider d’équipements sophistiqués pour compenser mes difficultés physiques, psychiques, ou cognitives.
B- Le week-end, avec mon époux, nous pratiquons souvent l’aéromodélisme. Au début c’était sa passion, mais j’avoue que je me suis laissée prendre au jeu ; c’est fascinant. J’ai un métier passionnant et je suis très qualifiée, on dit même que je suis particulièrement performante dans mon activité.
C- J’ai des amis, une famille, des hobbies et des passions... J’adore l’aéromodélisme...
A- J’ai une carte d’une couleur pour les transports en commun, une seconde carte d’une seconde couleur pour garer ma voiture et une troisième pour les médecins et la CAF. J’oubliais, j’ai une autre couleur qui dit que je peux travailler. Ah oui, j’ai un joli porte cartes que je porte autour du cou. C’est dommage, il n’y en avait pas de jaune.
B- Je suis tolérante, progressiste et anticonformiste. Je suis pour la parité of course, pour l’intégration des minorités, et je trouve important qu’il y ait de vraies aires de repos pour les gens du voyage, vous savez, plutôt que des terrains vagues à proximité des déchetteries...
C- Je suis au chômage depuis un moment, pas tellement faute de qualification puisque j’ai pu suivre de bonnes formations qualifiantes, des études longues même car je suis persévérant.
B- Mais il ne faut pas abuser. Intégrer ne veut pas dire imposer, non ? Je suis chercheur moi, pas assistante sociale ni éducatrice. J’ai des responsabilités et je ne vois pas pourquoi je mettrais mon équipe en danger au nom de l’intégration. Tiens vous avez remarqué, ça rime avec contention... Et détention également, si ça n’est pas un signe ça... Et rétention, flagellation...
C- Prétention. Concession, acceptation, valorisation...
A- Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que les personnes handicapées sont simplement des assistés avec un « H » majuscule pour décorer. Il existe des moyens de compenser mon handicap sur un lieu de travail, comme dans la vie de tous les jours, et je peux participer au développement d’une activité tout comme n’importe qui d’autre à compétence équivalente.
C- Le mot important dans l’appellation « personne handicapée » c’est « personne », de même que dans « travailleur handicapé » ce n’est pas le mot « handicapé » qui compte. S’intégrer dans la société c’est travailler, pas toucher une allocation en écoutant ses cheveux pousser.
A- C’est vrai, depuis la refonte de la loi en 2005, je suis encore plus entouré, les entreprises beaucoup plus sensibilisées... N’est-ce pas ? Mais il y a comme un frein, un mur composé de plein de petites briques d’à priori et de manque d’information. Je dis ça parce que je ne pense pas qu’il puisse s’agir d’ostracisme... D’ailleurs, je ne vois pas bien la différence entre conserver son emploi lorsque l’on devient travailleur handicapé ou trouver un emploi alors que l’on est déjà travailleur handicapé... Qu’est-ce que c’est ? Les toilettes sont déjà aménagées et c’est plus simple ? (pour lui en marmonnant: bien sûr que non)
B- Ok j’avoue, le handicap me fait peur, ça me scares the hell out of me même ! Voilà, je l’ai dit. Bien sûr je suis une adulte et je n’ai pas peur de voir un monstre de foire, je sais qu’il ne s’agit pas de ça... Dîtes, « ils » ne sont pas comme ça, hein ? Non, j’ai plutôt peur de ne pas savoir comment communiquer, comment me comporter ; je suis une personne sensible moi et je ne supporte pas de blesser les autres. Et puis, quoi, c’est vrai, non ? Les travailleurs handicapés sont moins performants que les autres, plus lents aussi et, là j’en suis sûr, beaucoup plus encombrants... Non ? [...]
MIR Cosmo datcha - Écriture thématique : 20 ans de la station MIR.
[...] Tania- Mesdames et messieurs bonjour ! (Edgar fait répéter le public)
Tania- Et bienvenue à l’inauguration de notre maison témoin, je sais, vous l’avez tous et toutes attendu depuis longtemps, voici MIR Cosmo datcha ! Ah ! Je vois que vous vous demandez : « mais qu’est-ce que c’est ? » Et bien MIR Cosmo datcha, c’est d’abord la sation MIR , ça vous connaissez, n’est-ce pas Edgar ? Mais en plus c’est une cosmo datcha...
Edgar- En russe.
Tania- Oui en russe cela veut dire maison de campagne de l’espace. Et aujourd’hui, puisque vous êtes venus, et vous avez eu raison de venir, vous allez pouvoir visiter notre maison témoin, et bien sûr, vous offrir une maison de campagne pas comme les autres : MIR Cosmo datcha !
Edgar- MIR Cosmo Datcha ! (accompagne le nom d’un geste)
Tania- Attention Edgar, MIR en trois dates : 1986 ! (il illustre) 2001 ! (il illustre et commente) et 2007 (il ne sait pas quoi faire et trouve la station MIR)... Oui Edgar, en 2007, MIR devient MIR Cosmo datcha ! Testée et entretenue pendant 15 ans par 104 cosmonautes différents, aucun promoteur immobilier ne peut en dire autant ! Fonctionne entièrement à l’énergie solaire, défiscalisation assurée, 380m3 d’espace utile...
Edgar- Mètres cubes ? Des fois quand tu parles, je ne comprends pas.
[...]Edgar- Eh! Tania : De l’espace dans l’espace, MIR cosmo datcha ! (gestuelle)
Tania- Vous pouvez, madame, transformer l’un des modules en salle de jeu pour vos enfants... Plus besoin de la ranger sans fin, les jouets flottent librement, et vos bambins au milieu... Trop mignon.
Edgar- Avant c’était : « métro-boulot-dodo » et maintenant c’est « MIR-soyouz-Baïkonour »... Grâce à MIR Cosmo datcha (gestuelle, puis s’approche de pylônes).
Tania- C’est bien Edgar, c’est ça... Climatisation intégrale...
Edgar- Dans l’espace pas besoin de pylônes pour tenir la maison : MIR Cosmo datcha ! (et gestuelle)
Tania- Quand tu penses, Edgar, des fois tu me fais peur...
Edgar- Peur ? (au public) moi je fais peur ? Hein ? Je te fais peur Tania ? Regarde. (Edgar fait un animal qui fait peur à Tania qui crie, s’enfuit dans le public, petite poursuite dans le public ponctuée de « tu vas me faire pleurer, arrête j’ai peur, etc. ». Puis Tania s’échappe sur la terrasse, il redevient normal).
Edgar- Tania ? Euh... Vous savez où elle est ? Euh... Qu’est-ce qu’on fait sans elle... La maison témoin... Dans l’espace euh... Spatial. Ah oui, je peux vous faire l’histoire de la conquête spatiale, vous voulez ? Bon, au début il y avait «l’homme qui reste sur la Terre et se bagarre tout le temps» (mime)
Tania- (passerelle Kvant2) Et la femme pleure.
Edgar- Puis dans les années 60 il y a eu «l’homme va dans l’espace» (mime)
Tania- Et la femme pleure
Edgar- Et puis il y a eu les expériences Saliout et Skylab de «l’homme travaille dans l’espace» (mime)
Tania- Et la femme pleure
Edgar- Et MIR a permis d’accéder à «l’homme vit dans l’espace avec la femme et fait des allers-retour sur Terre... Comme ça elle ne pleure plus jamais». Tu vois Tania, moi je préfère quand tu souries, pas vous ?
Tania- Toi, tu veux me faire pleurer devant tout le monde et que personne n’achète la cosmo-datcha.
Edgar- Euh... Attendez... Écoute Tania, j’ai un poème pour toi : Obitus, orbita, orbitae, bulle noire et points blancs l’espace m’entoure. Vrombissement de la ventilation, clic-clac des appareils, mon intérieur est bruyant mais dehors, le silence est glacial. Immenses paysages chatoyants, la Terre défile sous mon hublot. Orbitus, orbita, orbitae, je parle russe et ma patrie est humaine. Euh... Seul, mon âme pleure mais avec toi je me sens nombreux...
Tania- Ah ! Roméo, pourquoi es-tu Roméo, ne peux-tu renier ton nom...
Edgar- Tania ?
[...]
MIR : une enquête - Écriture thématique : 20 ans de la station MIR.
Gamarni- Bon, Vuje, qu’est-ce que nous avons là ?
Vuje- La victime patron, euh... La station orbitale MIR. Alors... Lancée en 1986, moui, 39 missions habitées, 104 spationautes différents accueillis à bord, originaires, voyons, de 12 pays et comptant 11 femmes parmi eux, autant pour la parité patron.
Gamarni- Les faits Vuje, juste les faits ! (fait les 100 pas et observe le public)
Vuje- Bien patron. Alors, désorbitation le 23 mars 2001 après 15 ans d’occupation quasi continue, bon... spécifications techniques, euh... 140 tonnes, moui, 380m3 de surface utile, six modules différents et trois docks d’amarrage, équipage...
Gamarni- C’est bon Vuje, merci, mais aussi intéressant que ce soit, rien de tout cela ne me dit ce que fait cette station ici, prisonnière de ces pylônes et passerelles. Si j’osais, je pencherais pour un clonage illégal ! Mais vous me connaissez : Gamarni, les faits, pas la fantaisie ! Il y a du mystère ici, mon petit je le sens, et tous ces témoins...
Vuje- Tous ces suspects patron !
Gamarni- Oui, tous ces suspects qui me regardent... J’ai besoin de réfléchir [...]
Scène mafia
Gamarni- Bien sûr, Vuje, bien sûr. Je vous présente Mir, agent intrépide bien que féminin d’Interpol. Placée comme elle l’est, elle ne rate rien de ce qui se passe en dessous. Une vision parfaitement détaillée des reliefs, des mers... (changement personnages. Gamarni=Luis de Perenna, sbires, Vuje=Mir)
Mir- Superbe, c’est superbe ! Je vois bien tout, mais il faut dire que ça va un peu vite pour tout relever. Imaginez, 28.000Km/h, essayez de prendre des notes sans être sténo vous.
Gamarni- Mais à force de toujours passer au même endroit, elle finit par se faire repérer.
[...]
Luis de Perenna- Ce que je déteste dans le libre accès à la connaissance, c’est que ça fait réfléchir les gens... Après quoi, ils prennent des initiatives... Et c’est comme ça que moi, Luis de Perenna le terrible, je me retrouve seul, à la tête d’un empire vide...
[...]
Scène roman d’espionnage
Gamarni - Bon, voyons ce que nous avons. (jingle genre James Bond, Vuje illustre) Mir est là, pimpante, rapide, autonome... Non, presque autonome parce qu’elle a toujours besoin du ravitaillement considérable des cargos Progress. Survient l’infâme Dr Niet qui tente d’abord l’approche directe, puis, devant la résistance de Mir passe à la malfaisance, au kidnapping, au rapt crapuleux. (changement de personnages Vuje=Mir, Gamarni=Niet, Shorty)
Courte poursuite qui s’achève par la capture de Mir par le Dr. Niet.
Dr. Niet - Alors très chère, maintenant que vous êtes à ma merci, je compte sur un peu plus de collaboration de votre part.
Mir- Jamais ! vous êtes un monstre Niet.
Dr. Niet- Vous me flattez darling, alors je vous laisse le choix. Soit vous me donnez les résultats des 22.000 expériences réalisées en microgravité durant ces 15 fameuses années, soit je vous confie à mon ami Shorty ...
Shorty- Bonsoir mademoiselle rrrggghhhaa.
Mir- Vous devriez le savoir pourtant, ces expériences n’ont amené aucune découverte majeure.
[...]
Angles, croisements réels - Pièce de théâtre en 2 actes
Scène 1 - acte I – Alice, Evgeni, Jean-Michel.
Les trois proches de Patrice Morani se retrouvent chez Alice, sa soeur au soir de ses funérailles. Alice est entre les deux hommes, une bouteille à la main.
Alice - Je vous ressers ?
Jean-Michel - Mmmm
Evgeni - Oui, je veux bien, s’il te plaît… Merci
Alice - Jean-Michel ?
Jean-Michel - … euh, non, merci
Evgeni - Quelle journée, hein ?
Alice - Oui. Bon, tout le monde est rentré chez soi. Pfff, pas fâchée que ce soit fini.
Evgeni - Y avait du monde, hein ? Dîtes donc, héhé, quel succès quand même.
Alice - Oui. Peu de famille, pour cause, mais que de gens tout de même.
Evgeni - (S’adressant à Alice) Tu les connaissais ?
Alice - Quelques uns, un peu, mais pas plus. C’est bizarre d’ailleurs, j’avais presque l’impression que c’était moi l’étrangère. Heureusement que vous étiez là tous les deux.
Evgeni - Bah c’est normal tu sais. Et puis c’était important pour nous aussi. Tu vois. Patrice comptait beaucoup pour nous. Hein ? Jean-Mi ?
Jean-Michel - (Répondant à Evgeni) Jean-Michel s’il te plait. Oui, bien sûr.
(Puis à Alice) Tu connaissais ces deux ahuris tout en lunettes ?
(Puis aux deux) Vous savez, les deux qui semblaient échappés d’une couverture de magazine.
Alice - Estelle et Marc ?
Evgeni - Oui, je vois.
Jean-Michel - Alors ?
Evgeni - Des gens de la galerie, des artistes.
Jean-Michel - Comme si ça n’était pas assez dur comme cela, il fallait qu’ils en rajoutent ces deux singes.
Evgeni - Ah ! Oui, ce sont des personnes très expressives, hein ?
Alice - Je ne les avais jamais vu.
Evgeni - Des gens bien, hein ! Ils aimaient beaucoup ton frère.
Jean-Michel - J’espère qu’ils sont plus honnêtes dans leur travail, parce que là-bas, leur numéro sentait franchement la paillette et le réchauffé.
Alice - C’est sûr qu’ils savent se faire remarquer, hahaha… j’ai bien aimé quand elle s’est jetée dans ses bras en criant « c’est injuste, si injuste… »
Jean-Michel - Oui… « Pourquoi ce sont toujours les plus brillants d’entre nous… Dis moi pourquoi… Haa ! Destin sombre et hostile »
qui voile le regard du soleil… »
Alice - Hahaha hahahaha…
Evgeni - Lui aussi les aimait bien je crois, Patrice.
Alice - …
Jean-Michel - …
Alice - Ca va être dur, sans lui…
Jean-Michel - Et long… Très long… [...]
L'ondine et la lavandière - Écriture thématique : Les lavoirs
Lavandière- Me voici avec ma corbeille de tristesse à laver
Vers l’étang de l’oubli, laissez moi, laissez-moi passer
Petite lune, clair de lune, n’oublies pas de m’éclairer
Ta tendresse nous enveloppait et nous protégeait tous deux,
Tu l’as taché un matin lorsque tu m’as dit adieu
Petite lune, clair de lune, n’oublie pas de m’éclairer
Je suis la triste lavandière qui va laver son illusion
L’amour est une tache qui ne part pas sans souffrance
Petite lune, clair de lune, n’oublie pas de m’éclairer
Farfadet- Ah, ça suffit comme ça ! Ta complainte me lasse, lavandière de la nuit. De quoi te plains-tu encore alors que je suis à tes côtés ?
Lavandière- Je pleure mon amour perdu pauvre pitre, le compagnon qui devrait me tenir compagnie. C’est un époux que je recherche, pas une fée des eaux. Tu as beau être amusant, tu n’es qu’une ondine attachée au lavoir.
Farfadet- Une ondine ! Ah ça, elle a bonne mine l’ondine : frêle, gracile, élancée, avec de beaux cheveux blonds aux reflets aquatiques. Envoûtante, charmeuse, vouée à charmer les passants pour les entraîner sous l’eau. Tout à fait moi.
Lavandière- C’est vrai, il faut admettre que pour le physique, tu laisses un peu à désirer
Farfadet- Le physique ! S’il n’y avait que ça. Et la vocation alors ?
Lavandière- Quoi la vocation ? Chacun sa tâche, chacun son destin. Toi tu charmes les voyageurs au bord de l’onde et moi, je hante ce lavoir et ensorcelle les hommes de passage. C’est dans l’ordre des choses. Tu peux te plaindre à ton tailleur si tu veux, ou à tes parents ondins, mais laisse moi à ma lessive et tiens toi tranquille maintenant.
Farfadet- Mais c’est ce que je te répète depuis 53 ans. Je ne suis pas une ondine, créature enchanteresse des cours d’eau. Tu es longue à comprendre quand même. Voilà exactement 19.345 nuits que je te le dis : je suis un farfadet, un esprit de la forêt, du sous-bois, de la clairière même si l’on veut. Je suis voué à me promener sous la ramée, à aider ou à piéger les humains qui s’y baladent.
Lavandière- Farfadet avant, ondine maintenant. [...]
Le conte du lutin luthier - conte jeune public, mais pas que
C=Conteur, L1 & L2=Lutines, P=Père Noël
C- Le père noël est immortel, le saviez vous ?
C- J’en ai la preuve ; moi Isbàn fils d’Oswald et de Klen, maître luthier et pieux lutin, je le sais.
C- Mais attention, je ne le sais pas comme l’on sait sa leçon, ni comme l’on sait s’y prendre.
C- Non ! Je le sais parce que je l’ai vu, je sais parce que j’y étais.
C- Oh oui, j’y étais.
C- C’était, il y a longtemps, durant l’antépénultième hiver...
C- Oui, pas l’hiver dernier, l’autre, celui d’avant.
C- J’étais encore à l’époque un tout jeune luthier ; j’achevais à peine mon apprentissage.
C- Chez maître Asiin, une légende vivante de la lutherie lutine. Chacun de ses instruments porte la marque d’une saison. Chacun renferme l’âme d’une fleur... Son parfum.
C- Mais je m’égare... Maître Asiin... Le parfum...
C- Un vrai sale caractère. Une tête en bois. Une tête de pioche...
L1&L2- Une tête de pioche en bois. Non, c’est n’importe quoi. Ridicule.
C- Mais un coeur gros comme ça, ou plutôt comme ça. Oui sur la main... il avait des mains énormes. Enormes mais habiles.
C- Toujours est-il que maître Asiin, ce jour-là, me confia une tâche à effectuer.
C- Rien ne fut plus jamais comme avant. Si j’avais pu le savoir par avance...
C- Oui, tout aurait été différent.
L1&L2- «Choeur»
Par un soir, ou un matin, je doute, je sais plus bien
L’ami Isbàn prend son chemin mais déjà rate le train
Des alouettes passant par là, se moquent de lui rigolent tout bas
Jeune luthier et pieux lutin, Isbàn est aussi un malin
Crie pleure et prie tous les saints, le voilà tout en haut d’un pin
C- Imaginez la vue. Une forêt immense s’étendait à mes pieds. Une forêt de pins bien sûr, une forêt enneigée blanche et verte, avec ça et là de jolies taches de brun, sous les arbres, là où les cerfs avaient frottés leurs bois.
C- Joli panorama. Mais il était déjà tard et la mission que m’avait confiée mon maître n’était guère avancée.
C- Je n’avais plus que cinq ou six kilomètres à parcourir, le pin m’avait bien avancé ; mais j’avais encore toute la couche nuageuse à traverser, et comme j’avais négligé d’apprendre à voler, j’étais bien obligé d’attendre qu’une bonne âme vienne à passer.
L1&L2- Parfois il faut du temps avant de trouver l’âme soeur... Et ne vend pas son âme au diable qui veut. Là pour le coup c’était le vague à l’âme...
Vu qu’il n’y avait pas âme qui vive...
C- Merci beaucoup, ça m’aide bien.
L1&L2- Eh, eh ! Un cardinal a dit un jour :”aides toi toi-même et le ciel t’aidera“... Oui, oui et puis l’autre a dit :”si ton bateau coule, prie, mais continue de nager“. [...]
Des fois
Des fois, quand je me sens seul, j’allume ma télé. Là, j’ai de la lumière, de la couleur, du mouvement, des êtres humains qui me regardent et qui se parlent. J’ai de la compagnie ; j’apprends et je m’amuse, je voyage et je me distrais, je me cultive aussi, comme auprès de mes amis.
Avec ma télé, j’ai beaucoup d’amis, enfin, beaucoup plus.
Des fois, quand je n’arrive pas à dormir, j’allume ma télé. Là, il y a toujours de la vie, surtout celle de la nature ; il y a aussi de l’action, de la douceur et de la musique, des animaux, bien sûr. J’explore et je découvre, je repose mon esprit et je balaie mes tensions aussi, comme auprès d’un torrent de montagne.
Avec ma télé, je suis moins anxieux, enfin, beaucoup moins.
Des fois, quand je suis inquiet, j’allume ma télé. Là, j’ai des informations, des témoignages ; il y a des images réelles qui racontent la vie de notre monde et de ses habitants, même les plus humbles. Je suis renseigné, je sais ce qui se passe et comment pensent mes voisins d’à côté, ou du bout du monde.
Avec ma télé, je vis vraiment dans le monde d’aujourd’hui, enfin beaucoup plus.
Des fois quand j’ai des doutes, j’allume ma télé. Là, j’ai des opinions, des débats d’idées, des réponses clairement formulées et des avis d’experts éclairés. Je comprends ce qui m’arrive et ce qui se passe, et je peux l’expliquer, je construis mon intelligence et mon esprit critique, parce que c’est important.
Avec ma télé, je sais toujours quoi penser, enfin, plus souvent.
Des fois, quand je suis fatigué, j’allume ma télé. Là, j’ai des rires et de la musique, j’apprends ce qui est drôle et ce qui est grave ; je sais ce dont j’ai besoin et ce qui me fait envie. Je vois les célébrités et je partage leurs émotions, je peste contre la méchanceté, l’égoïsme et la cruauté. Je frissonne aussi.
Avec ma télé, je suis généreux, drôle et talentueux, enfin.
Souvent, quand j’éteins ma télé, j’ai peur d’aller me coucher ou de sortir travailler. Le monde est si dangereux, dehors. Chaque jour je crains de me faire agresser, trahir ou manipuler. Et mes voisins ne valent pas mieux, toujours occupés à s’occuper d’eux-mêmes, à s’enfermer dans leur petit univers étriqué. Alors souvent, je gronde, je pleure, je baisse les yeux et j’attends. Avec ma télé je suis vraiment en sécurité.
Triangulation
Peur, envie et colère sont les trois pointes du triangle. Un point au centre qui s’y sent un peu seul et tout autour, toi, lui et eux, les autres qui le surveillent, le jugent et le calculent.
Bien sûr il faut faire avec. Contre ce froid, mettre un pull, mais contre les autres... il faut bien réagir. Le coup de la réaction. Devient-il réactionnaire ou bien, oui, c’est juste de la colère.
Toujours en butte, jamais en lice. Si ce n’est pas toi, ce sera lui se dit-il. Tout le monde triche et chacun le sait, il suffit juste de tricher un peu plus vite, un peu avant, ou plus souvent. Oui, triche et trace se dit-il encore ; si tu fais assez vite, tu passeras en tête de liste, tu seras à la tête du peloton et tu arriveras avant. Mais surtout, surtout, tu seras débarrassé d’eux, effacés comme des silhouettes dans ton rétroviseur.
Oui, le cadre guide et la contrainte libère... Tout système est fait pour être contourné. Tout le monde le sait dans ce vieux pays, usé à force de systèmes, et tout le monde contourne, triche, trace. Alors pourquoi pas toi se dit-il, pourquoi lui, pourquoi elles, et surtout pourquoi eux ? Qu’ils y restent et qu’ils se tuent à actionner le système, je serais plus rapide, plus vif, plus agressif s’il le faut.
Tant pis pour eux. Tant pis pour toi petit homme, tout petit homme, tout petit point perdu au centre du triangle. Le petit point s’agite, le petit pois sautille et se rue de tous côtés. De l’envie à la peur, de la peur à la colère et de la colère à l’envie, les figures changent, les trajets changent, mais pas les causes, ni les effets. Le point se sent seul, il se sait seul ; les autres se tiennent en rangs serrés derrière les trois segments. Ils le soupçonnent, il leur fait peur et les met en colère parce qu’il triche ; c’est sûr qu’il triche et si ça se trouve, il triche mieux qu’eux ou plus vite ou plus fort, et ça... ça fait envie, et puis ça fait peur, alors, ça met en rogne ; tricher c’est une chose, mais tricher contre quelqu’un... là, non, c’est différent, ça ne se fait pas, enfin, pas quand quelqu’un c’est moi.
Tellement de petits points, de petits pois entourés de tant de segments, de lignes et d’adversaires. Se servent des lignes comme frontières, comme barrières, façon résidence sécurisée. Retour à l’enfance ou l’on joue à la guerre. Autant de petits soldats que de petits points, chacun dans son trou à surveiller l’ennemi, à le calculer, à tracer sa ligne de tir... chacun pour soi et Dieu pour tous, mais comment s’appelle-t-il déjà cette semaine ? Qu’est-ce qui n’a pas été essayé ? C’est la semaine du blanc ? C’est la période des soldes ? Les congés payés parce que c’est sacré ? Ou la patrie parce que c’est joli ? Non, plus à la mode, plutôt remplacé par « ma pomme » en caractères gras. Le petit point est-il une pomme vue de loin ? Le petit point a un petit pois dans sa tête et c’est une pomme. Mais il est libre, car il a bien appris sa leçon, je pense donc je suis, il pense donc il suit ; mieux et plus malin que les autres, que la masse informe des imbéciles, des salauds et des « connasse regarde dans ton rétro, putain ».
Peur, envie et colère sont les trois pointes du triangle. Un point au centre qui s’y sent un peu seul et tout autour, toi, lui et eux, les autres, qui le surveillent, le jugent et le calculent. Parfois les sommets changent de nom mais c’est toujours pour un synonyme. Le triangle tourne sur lui-même et croise les autres. Une sorte de mouvement perpétuel, oui, mais tremblotant alors, sur les chaos de la route... Tremblotant comme un mouvement perpétuel pris dans le chaos, le chaos de l’Ego.
Du sang et de la merde
Du sang et de la merde Le dernier dénominateur commun.
Le seul en réalité.
Qui es-tu et qui suis-je ?
Des émotions, des pensées, des valeurs, et des croyances ; des actes aussi.
Tout ce que nous sommes, tout ce qui nous fait vivre.
C’est beau, c’est riche et c’est vivant.
Mais tout cela se résume, en somme,
A un peu de merde et beaucoup de sang.
De la merde et du sang, ou comment se définir pleinement.
C’est une vérité de tous les temps, appliquée très égalitairement et valable sur les cinq continents, sans limite de classe, ni d’âge, sans limite de sexe.
Je suis, tu es, nous sommes, comme nos aïeux, comme nos enfants, composés essentiellement par de la merde et par du sang.
Tout l’humain s’y résume, bien que tous et chacun y répugnent, enjolivent ou imaginent, rien ne bouscule cette épitaphe.
Elle contient tout, raconte bien et ne trahit pas son humanité.
Merveilles, horreurs et renoncements, le genre humain tel qu’en lui-même se retrouve dans la merde et dans le sang.
Quand un Grand Homme fait ses adieux, plutôt que pleurer sur son passé, s’émerveiller de ses bienfaits, il suffirait, pour le citer, d’inscrire ces mots sur son granit : Ci-gît untel qui fut beaucoup, qui fut tellement et qui est mort les pieds devant, ci-gît untel qui fut surtout, rappelons nous, un peu de merde et beaucoup de sang.
Sans être illustrateur ni graphiste au sens propre du terme, je maîtrise les outils informatiques de réalisation graphique et j'ai eu a concevoir et réaliser de très nombreux documents.
Je suis donc en mesure d’intervenir en direction artistique aussi bien qu’à titre de maquettiste.
En voici quelques exemples.
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Textes et concepts :
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